Fais pas ça, fais pas ci

Depuis quelques temps, Brin d'Osier n'est pas rassuré... Quand la nuit tombe, il fait noir dans la maison... De drôles de silhouettes hérissées et mouvantes grimacent devant les fenêtres envahies par l'obscurité... Même le jardin, jadis si familier, se transforme tantôt en château menaçant plein de tourelles pointues, tantôt en contrée hostile peuplée de sombres formes pourvues de mille cornes, becs ou griffes... 
Brin d'osier se hisse sur la pointe de ses chaussons pour atteindre les interrupteurs avec hardiesse et témérité mais son cœur bat la chamade... Et si là, derrière cette mystérieuse porte fermée ou dans les ténèbres de ce recoin oublié se cachait... un loup??? Oui, parce qu'on en rigole comme ça, on fait le brave et le vaillant mais le jour où l'on se retrouvera nez à nez avec la bête redoutée, on fera moins le malin...
"Dis-moi, Brin d'osier, tu peux aller me chercher un mouchoir dans la salle-de-bain?"
Un quart d'heure plus tard, Brin d'osier n'est toujours pas descendu et Maman Griotte pompe gentiment de toute la surface de sa robe le lait déversé par les rots successifs de Croquembouille...
"Tu fais quoi?
- Ben c'est-à-dire qu'il fait noir dans la salle-de-bain...
- Et tu ne sais plus te servir d'un interrupteur?
- Euh ben si mais il fait noir..."
Ok, j'ai compris. Lourde de mes 120 ml de régurgitations et empesée comme un parapluie après une averse, je me déplace tant bien que mal vers le rouleau de Sopalin (il faudrait vraiment que je me décide à le mettre dans le salon, celui-là!) avec contre mon épaule, le petit minois de bébé qui continue de mâchouiller ce qui pour une fois n'était pas ma chemise de nuit...
"C'est pas grave, mais tu sais, il ne faut pas avoir peur du noir et de toute façon, les loups, il n'y en a pas chez nous!
- Oui, je sais : les loups, c'est dans les montagnes, fanfaronne Brin d'osier avec un rire forcé. Hein, c'était une blague?!"
J'opine du chef pour rassurer fiston qui vient quand même se blottir dans mes bras. 
"Dis maman, tu peux venir avec moi dans la salle-de-bain pour m'expliquer encore ce que c'est que ces lumières, là, vers la fenêtre?" 
Alors on y va, main dans la main, comme deux héros de conte de fée liés par le même courage face à l'adversité. Je sais que c'est un passage obligé, qui fait partie intégrante de son parcours de petit garçon. Je le rassure en l'encourageant à s'aventurer dans les pièces habitées par la nuit. Je sais que sa peur aura un rôle de protection et qu'elle servira à augmenter ses capacités à réagir face au danger. Un apprentissage qui lui sera utile pour la prochaine fois. Mon Brin d'osier est brave ; il ne se laisse pas déborder par la peur et avance avec confiance. Bravo, mon garçon, première étape réussie : le seuil est vaincu et nous voilà dans le noir, les yeux tout écarquillés pour essayer d'y voir clair!!!

Et ce soir, on lira sûrement un de ces livres qu'on adore pour parler du loup avec des mots simples, sans pour autant banaliser cette peur ou légitimer son existence...
     



Et vous, comment vous faites pour vaincre les peurs de vos bouts'd'choux?

1 commentaire:

  1. Mes deux plus petits ne craignaient que le vent et les cloches...En bref, ce qui avait un effet et une cause non identifiable. Ca a fini par leur passer comme ça.La peur est salutaire,elle engendre la prudence de même que l'ennui et l'oisiveté engendrent la créativité ..Quand à moi, je n'ai pas encore vaincu les miennes, de peur...

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