Nombreuses ont été celles d'entre vous qui avez lu avec attention et intérêt mon article sur l'école à la maison. Je me suis donc dit que vous aviez peut-être envie d'en savoir un peu plus sur l'emploi du temps du petit garçon qui reste chez lui... Alors voilà : difficile de résumer en quelques lignes sur quels principes se construit cette instruction homemade tant ils sont nombreux et néanmoins naturels car ils se sont imposés d'eux-mêmes au fil du temps.
Le fondement de ce fonctionnement se trouve peut-être dans la bonne connaissance que Brin d'Osier a de lui-même. Mais tout est inextricablement lié, en fait. Sa bonne maîtrise du langage (non pas une maîtrise scolaire, mais une connaissance qui lui permet d'appréhender le monde qui l'entoure avec confiance et sérénité puisqu'il a su très vite désigner les choses en les nommant avec précision et nuance) lui permet d'exprimer avec facilité ce qu'il ressent, ce dont il a besoin et ce qu'il a envie de faire.
En prenant un peu de recul pour vous faire partager aujourd'hui le rythme de nos journées et vous en expliquer clairement l'enchaînement, je me rends compte que je parle en fait assez peu dans une journée. Brin d'Osier est "Maître chez lui" - non pas dictateur à la maison - mais je veux dire par là que c'est lui qui organise son temps en fonction de son ressenti, de ses émotions, de ses besoins intellectuels qu'il a finalement appris à évaluer.
J'interviens donc assez peu dans la vie de ce petit garçon de trois ans qui sait très exactement ce qu'il veut faire de sa journée dès qu'il pose le pied par terre. D'aucuns trouveraient que l'ensemble est peu rythmé, peut-être même dépourvu de cette discipline scolaire qui impose horaires fixes et créneaux répétitifs centrés sur des objets d'apprentissage ciblés.
Si j'ai eu tendance à vouloir appliquer ce que j'ai longtemps su faire dans mes classes en tant qu'enseignante, j'ai très vite changé ma façon de faire en constatant que l'apprentissage s'avérait efficace, solide et durable à partir du moment où l'enfant y accédait en toute liberté et avec le désir profond et authentique d'obtenir des réponses à ses questions ou des solutions à ses problèmes.
Je ne saurais vous énumérer le nombre de mots appris ou de connaissances acquises par Brin d'Osier dans des situations quotidiennes on ne peut plus banales mais qui lui donnait pourtant accès à un savoir-faire technique ou à un savoir abstrait et conceptuel qu'il était prêt à recevoir à ce moment-là, précisément parce que la situation dans laquelle se présentait ce savoir était sans doute optimale.
A la maison, le savoir est partout. Non pas à travers l'image d'une bibliothèque érudite qui couvrirait les murs de la maison. Non, plutôt par le biais d'une connaissance humble qui ne hiérarchise pas les savoirs : nul n'est méprisé, nul n'est délaissé au profit d'un autre qui serait plus "noble". Aussi Brin d'Osier a -t-il accès à toutes les formes d'écrit qu'on peut trouver dans une maison : notices de montage, modes d'emploi, livres de recette, prospectus et magazines divers, etc
La journée s’organise donc d'elle-même sans programme prédéfini qui pourrait contredire les aspirations spontanées du petit garçon et faire obstacle en cela à l'intérêt qu'il peut porter à ce qu'il fait. Le jardinage succède à l'épluchage des légumes. On observe comment fonctionne l'essoreuse à salade, le presse-ail ou le casse-noix. On se verse un verre d'eau. On nettoie la cage des cochons d'Inde. On utilise la balayette pour épousseter le sol. On va se laver les mains tout seul au lavabo. On regarde les images du National Geographic qu'on vient de recevoir au courrier. On observe les mésanges sur la mangeoire.
Et ainsi de suite. Rien n'est fait "à reculons" puisque les tâches respectent le rythme naturel de l'enfant. Bien sûr, un rituel de base est maintenu : les horaires de lever et de coucher, le déroulement du repas, la sieste digestive... mais on se rend compte en prenant part à ce quotidien aux côtés de l'enfant que cette liberté - non pas sous contrôle des parents, mais je dirais auto-gérée par l'enfant lui-même - fait de l'enfant un petit être autonome et responsable loin d'être attiré par la digression, voire la transgression. Il ne profite pas de cette liberté pour faire n'importe quoi ; il l'investit de son envie naturelle de découvrir le monde qui vit autour de lui et qu'il considère comme une source inépuisable de plaisir!
Et ainsi de suite. Rien n'est fait "à reculons" puisque les tâches respectent le rythme naturel de l'enfant. Bien sûr, un rituel de base est maintenu : les horaires de lever et de coucher, le déroulement du repas, la sieste digestive... mais on se rend compte en prenant part à ce quotidien aux côtés de l'enfant que cette liberté - non pas sous contrôle des parents, mais je dirais auto-gérée par l'enfant lui-même - fait de l'enfant un petit être autonome et responsable loin d'être attiré par la digression, voire la transgression. Il ne profite pas de cette liberté pour faire n'importe quoi ; il l'investit de son envie naturelle de découvrir le monde qui vit autour de lui et qu'il considère comme une source inépuisable de plaisir!
Le tout, c'est en fait d'être disponible, présent pour répondre aux questions (sans les anticiper ni apporter des réponses exhaustives qui risqueraient de faire renoncer l'enfant à en poser d 'autres...), dans l'ombre de l'enfant en quelque sorte pour lui fournir le matériel dont il a besoin au moment opportun (outils, crayons et feutres, tissus, ustensiles de cuisine, papier et ciseaux, arrosoirs, pâte à modeler, épingles à linge, peinture, gants, chiffons,...)
Nous ne sommes là en fait que pour faciliter l'accès au savoir et pour le rendre possible mais nous ne sommes pas là pour jouer le rôle de savant qui filtrerait ce qu'il est bon ou non de savoir!
Cette école de la maison, école de l'humilité, de la disponibilité et du pragmatisme, nous apprend aussi beaucoup, à nous autres parents, qui visons souvent l'exhaustivité, l'érudition ou l'expertise! Il m'a fallu travailler sur moi-même pour apprendre à rester en retrait, à faire le silence en restant patiente devant l'enfant qui expérimente, qui essaie, qui s'obstine jusqu'à la réussite.
Et apprendre aussi à me taire devant cette réussite que je trouve merveilleuse, grandiose, brillante et pour laquelle il est finalement superflu d'applaudir ou de féliciter car la fierté que ressent l'enfant suffit à le satisfaire et à nourrir son estime de soi...